Puis-je me faire vacciner contre la Covid-19 avec des doses de différents laboratoires ?
Aucune agence de réglementation de médicaments dans le monde n’ait à ce jour approuvé de combinaisons de doses
Les cas de thrombose en relation avec le vaccin d’AstraZeneca-Oxford ont poussé l’Allemagne à annoncer qu’elle achèvera le schéma de vaccination des citoyens qui ont reçu une première dose de ce fabricant avec la formule d’autres laboratoires. Cette décision a ouvert le débat sur la possibilité d’appliquer la même stratégie pour accélérer l’immunisation des populations. Bien qu’aucune agence de réglementation de médicaments dans le monde n’ait à ce jour approuvé de combinaisons de doses en raison du manque de données démontrant leur efficacité et leur sécurité, et que le schéma en matière de vaccination doive donc être mis en œuvre avec des doses provenant de la même entreprise pharmaceutique, les premières études indiquent que cette stratégie est efficace.
La route vers l’immunisation contre la Covid-19 grâce aux vaccins et les difficultés auxquelles font face de nombreux pays pour recevoir les doses ont poussé certains à se demander s’ils pouvaient se faire vacciner avec des doses provenant de différents laboratoires. Aucune agence de réglementation de médicaments dans le monde n’a approuvé de combinaison de doses en raison du manque de données pouvant démontrer leur efficacité et leur sécurité. Les autorités sanitaires indiquent donc que le schéma en matière de vaccination doit être mis en œuvre avec des doses provenant de la même entreprise pharmaceutique.
Mis à part le vaccin de Janssen, conçu pour être injecté en une seule dose, les vaccins autorisés de par le monde se composent de deux doses à administrer dans un intervalle de temps établi par le fabricant. À l’heure actuelle, deux essais cliniques sont en cours afin d’étudier la sécurité et l’efficacité d’un mélange de vaccins : le premier étudie la combinaison entre les vaccins AstraZeneca-Oxford et Pfizer/BioNTech et le second, entre les vaccins AstraZeneca-Oxford et Spoutnik V. Si les résultats s’avèrent positifs, et leur publication étant prévue pour la fin de l’année, le programme de vaccination mondiale pourra alors monter en puissance.
Les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) des États-Unis soulignent à l’heure actuelle que « les vaccins ne sont pas interchangeables ». L’Agence européenne des médicaments (EMA) a expliqué par courriel à Verificat que « les entreprises engagées dans la mise au point de ces vaccins n’ont apporté aucune preuve en faveur du mélange de vaccins ». Sur la même ligne, le Département de santé du Royaume-Uni considère qu’« il faut tout faire pour administrer [aux patients] le même vaccin ».
L’important, c’était la première dose
En attendant des données en faveur d’un schéma de combinaisons, la responsable des vaccinations de l’un des services du Département de Santé publique britannique, Mary Ramsay, a expliqué à la revue spécialisée The British Medical Journal qu’il était possible d’administrer des doses de laboratoires différents si l’on ne disposait plus de doses du même fabricant ou si l’on ne disposait pas d’informations sur le laboratoire ayant fabriqué la première dose reçue par le patient. Le médecin espagnol Oriol Mitjà, chercheur à l’hôpital Germans Trias y Pujol et spécialiste des maladies infectieuses, affirme à Verificat que dans l’absence de données et dans la mesure où la deuxième dose était compromise, « l’important, c’était la première dose », compte tenu du taux élevé d’efficacité de celle-ci eu égard au degré d’immunité conférée. Si l’on devait appliquer une prescription non autorisée de combinaison, il affirme que « la technologie [des vaccins] n’importe pas », puisque « ce qui compte, c’est la particule qu’elle contient en tant que véhicule » pour le déclenchement d’une réponse immunitaire de l’organisme. Autrement dit, il est selon lui possible d’administrer une dose d’ARNm et une autre à vecteur viral, bien qu’il souligne qu’il faut suivre le processus réglementaire et respecter les stratégies de vaccination.
Le gouvernement britannique a décidé de retarder l’administration de la seconde dose à un délai allant jusqu’à 12 semaines. Son objectif consiste à administrer la première dose au plus grand nombre possible de citoyens afin de réduire drastiquement les contaminations, les décès et les hospitalisations. Cette stratégie, adossée à de dures mesures de restrictions, a fait chuter les courbes épidémiologiques depuis janvier. À la suite des cas de thrombose en relation avec l’administration du vaccin d’AstraZeneca, l’Allemagne a décidé de poursuivre le schéma de prescription appliqué aux citoyens de moins de 60 ans qui avaient reçu une première dose de ce vaccin avec une formule provenant d’un autre laboratoire.