Oui, les lignées cellulaires sont bien éternelles
Les lignées cellulaires sont des cellules de laboratoire que l’on utilise comme outils de recherche en biomédecine
Un document intitulé La voix des femmes pour la défense des enfants à naître et en opposition aux vaccins souillés par l’avortement, prétendument soutenu par 86 femmes dans 25 pays, circule sur Internet, affirmant que « les lignées de cellules fœtales ne durent en effet pas indéfiniment » et que, par conséquent, « les fabricants de vaccins sont fortement poussés à créer de nouvelles lignées qui correspondent aux anciennes ». C’est FAUX. Les lignées cellulaires ne sont pas mortelles.
« Les lignées de cellules fœtales ne durent en effet pas indéfiniment et les fabricants de vaccins sont fortement poussés à créer de nouvelles lignées qui correspondent aux anciennes. »
Les lignées cellulaires sont des cellules de laboratoire que l’on utilise comme outils de recherche en biomédecine et qui ont la capacité de durer éternellement ou, du moins, jusqu’à ce que les scientifiques décident de s’en séparer. La majeure partie de ces cultures proviennent de cellules animales et, dans le cas des cellules humaines, ce sont en général des cellules de type cancéreux ou tumoral. Cependant, quelques-unes ont été créées à partir de tissu embryonnaire. Quelle que soit leur origine, toutes présentent la capacité de se répliquer indéfiniment dans les conditions nutritives et environnementales adéquates. C’est le cas de la lignée cellulaire PER.C6, utilisée par Johnson & Johnson, immortalisée en 1995 et utilisée dans la conception du vaccin de Janssen, ou de la HEK 293, utilisée dans la conception du vaccin d’AstraZeneca.
« Les lignées cellulaires proviennent de banques ou de dépôts où elles sont stockées ou font l’objet de dons, et les scientifiques en font l’acquisition », explique à Verificat Gloria Pascual, chercheuse associée du laboratoire pour les cellules souches et le cancer de l’Institut pour la recherche en biomédecine (IRB) de Barcelone. « Il existe une série de lignées établies qui sont utilisées en permanence dans la recherche. C’est ce qu’il se passe avec cette lignée de cellules rénales qui est utilisée depuis des décennies. Il n’y a pas de création de nouvelles lignées pour effectuer les essais des vaccins », dit-elle en conclusion.
Lignées tumorales
En plus de l’élaboration de vaccins, les lignées cellules servent également à mettre au point de nouveaux médicaments, même si ces cultures ne sont pas employées par la suite dans leur production. C’est ce qu’il se passe avec les vaccins contre la Covid-19 : de nombreuses entreprises pharmaceutiques ont utilisé ces cultures afin de mettre au point les vaccins en laboratoire, mais seulement deux, AstraZeneca et Janssen, les ont également intégrées dans la production : la raison en est qu’elles constituent des usines de virus très efficaces, ce qui permet de produire les vaccins à grande échelle.
Les lignées cellulaires utilisées dans la production des vaccins sont, comme l’indique Gloria Pascual, d’origine embryonnaire, raison pour laquelle les signataires parlent de « tissus fœtaux ». Dans l’article du présent lien, nous avions déjà détaillé les origines de ces lignées cellulaires et expliqué la manière dont avaient été créées, à partir de tissu rénal embryonnaire, les lignées cellulaires les plus utilisées en recherche dans le monde : la HEK293.
Cependant, les lignées cellulaires d’origine embryonnaire ne sont pas aussi nombreuses que les lignées tumorales, par exemple. Il suffit de jeter un œil aux grandes banques mondiales de lignées cellulaires, comme l’American Type Culture Collection (ATCC), qui ne dispose que d’une seule lignée cellulaire d’origine embryonnaire parmi les 4000 différentes cultures qu’elle propose.