Oui, la vaccination est bien utile même si le virus mute

Si de nouveaux variants apparaissent, cela ne signifie pas que tous auront un impact négatif sur l’efficacité des vaccins, et si cela devait être le cas, les vaccins pourraient être adaptés pour éviter une baisse d’efficacité


Verificat

Vous nous avez demandé si cela avait un sens de se faire vacciner alors que le virus n’arrêtait pas de muter et que d’autres variants, comme le britannique ou le brésilien, surgissaient. Oui, cela a un sens : si de nouveaux variants apparaissent, cela ne signifie pas que tous auront un impact négatif sur l’efficacité des vaccins (la plupart n’affectent pas l’efficacité), et si cela devait être le cas, les vaccins pourraient être adaptés pour éviter une baisse d’efficacité.

Il est normal qu’un virus mute. Comme tout autre virus, le SARS-CoV-2 mute constamment parce qu’il commet des erreurs lors de la réplication de son matériel génétique. « Les mutations [ou changements] peuvent survenir au hasard sur n’importe laquelle des 30 000 bases (ou nucléotides), qui composent son génome », explique à Verificat Adelaida Sarukhan, immunologue et rédactrice scientifique de l’Institut de santé globale de Barcelone (ISGlobal).

Dans le cas des coronavirus comme le SARS-CoV-2, les mutations sont relativement fréquentes : « Des centaines de variants ont été décrits. La majeure partie de ces variants sont « innocents » », souligne Sarukhan. Cependant, quelques-uns sont plus préoccupants ; elles font partie de ce que l’on appelle les variants préoccupants (variants of concern en anglais, VOC) : « Le B1.1.7 décrit en Grande-Bretagne, le B1.351 décrit en Afrique du Sud, le P.1 [au Brésil], le variant indien et deux autres décrits en Californie et à New York ont en commun des mutations de la protéine spike dont on a observé qu’elles pouvaient accroître sa capacité de transmission, sa létalité et/ou sa capacité à échapper à l’immunité naturelle ou conférée par les vaccins ».

Le variant indien

Comme l’explique Adelaida Sarukhan, « les essais cliniques et la vaccination à grande échelle [des centaines de millions de personnes vaccinées dans le monde entier] indiquent clairement que les vaccins protègent de manière très efficace contre les formes graves de la maladie, y compris chez les personnes infectées par les variants ». Dans le cas du variant indien, « il n’existe pour l’instant pas de preuves sur le terrain qu’il nuit à l’efficacité des vaccins », conclut Sarukhan, qui cite une prépublication (étude qui n’a pas encore été révisée par les revues scientifiques) qui affirme qu’aussi bien Covishield que Covaxin « sont encore capables de neutraliser le variant indien ». L’étude fait également savoir qu’« une légère réduction de l’activité neutralisante a été observée », c’est-à-dire qu’une quantité plus importante d’anticorps est nécessaire pour lutter contre ce variant ».

Les fabricants de vaccins sont actuellement en train de mettre au point des alternatives au cas où surgirait un variant qui serait assez différent pour que les vaccins ne fassent plus effet. Le fait de revoir les vaccins pour les adapter à de nouvelles souches n’a rien de nouveau : chaque année, les vaccins contre la grippe doivent être revus parce que les versions précédentes sont devenues obsolètes.