Non, il n’y a pas que les vaccinés qui se contaminent en Inde
Il y avait des personnes vaccinées qui se contaminaient, mais cela ne signifie en aucun cas que l’ensemble des nouveaux contaminés avaient été vaccinés
Vous nous avez fait parvenir une information intitulée « Une docteure espagnole résidant en Inde signale que seuls les vaccinés se contaminent ». L’article se fonde sur une interview qu’a donnée Amaia Foces, docteure espagnole vivant à New Delhi, à l’émission de télévision AR du 29 avril, dans laquelle elle expliquait la situation hors de contrôle dans le pays en raison de l’apparition de la variante B.1.617 qui présente deux mutations du SARS-CoV-2. C’est TROMPEUR. Amaia Foces a effectivement reconnu qu’il y avait des personnes vaccinées qui se contaminaient, mais elle a également expliqué qu’une seule dose d’AstraZeneca n’était pas suffisante pour se protéger de la variante indienne. Les personnes immunisées (qui ne représentent qu’environ 12 % de la population indienne) ne sont pas les seules à être contaminées par la nouvelle variante.
« Une docteure espagnole résidant en Inde signale qu’en Inde, seuls les vaccinés se contaminent. »
À partir de mars, explique cette docteure, il y a eu une augmentation des contaminations, « et [elle constatait] que c’étaient des personnes vaccinées ». Cela ne signifie en aucun cas que l’ensemble des nouveaux contaminés avaient été vaccinés. L’Inde, deuxième pays au monde par sa population avec 1,3 milliard de personnes, enregistre depuis le 22 mai plus de 350 000 nouvelles contaminations par jour et a même dépassé les 400 000 contaminations le 1er mai, selon les données officielles.
Le 4 mai, elle a dépassé les 20 millions de personnes contaminées, dont moins de 0,05 % avaient été vaccinées, selon les données du gouvernement diffusées par les médias de communication locaux. Le taux de vaccination vient de dépasser les 12,5 % de la population, soit 158 millions de personnes qui ont reçu au moins une dose, mais la situation que vit actuellement le pays a saturé le système public de santé et les hôpitaux n’ont plus d’oxygène pour tous les patients. Une véritable crise humanitaire s’est installée, avec un nombre élevé de morts jour après jour.
Les autorités indiennes sont en train d’administrer à leur population le vaccin d’AstraZeneca, sous le nom commercial de Covishield et Covaxin, dont les doses sont produites par un laboratoire indien. Tous deux doivent être administrés en deux fois, la première injection présentant une efficacité de 79 % et la seconde, de 81 %. La protection étant inférieure à 100 %, une petite partie des vaccinés peuvent se contaminer et contaminer d’autres personnes par effet domino si les mesures d’hygiène et de distance sociale ne sont pas respectées.
Une variante aux effets inconnus
On ne connaît toujours pas les caractéristiques de la variante B.1.617 et on ne sait pas si elle est plus contagieuse et plus résistante aux vaccins disponibles actuellement. Le directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Ghebreyesus, a affirmé le 26 avril, lors d’une conférence de presse, que « de nombreux pays observaient toujours une transmission intense de la Covid-19 et que la situation en Inde était douloureuse », suggérant ainsi que la variante présentait la capacité de contaminer davantage.
L’immunologue et rédactrice scientifique d’ISGlobal, Adelaida Sarukhan, a expliqué à Verificat que « pour le moment, on ne disposait pas de preuves sur le terrain que cette variante était plus transmissible ou qu’elle réduisait l’efficacité des vaccins ». Sarukhan cite une étude qui n’a pas encore été révisée par des revues scientifiques en vue d’une publication, et qui indique qu’aussi bien Covishield que Covaxin « étaient capables de neutraliser la variante indienne ». Cette étude rapporte « une légère réduction de l’activité neutralisante », c’est-à-dire qu’il faut un niveau plus élevé d’anticorps pour combattre cette variante.
Faire respecter les mesures d’hygiène et de distance sociale au sein d’une population de 1,3 milliard de personnes, habituées à vivre en groupe, s’avère une tâche très difficile. En outre, s’isoler pour se mettre en quarantaine est impossible pour de nombreuses familles à faibles ressources, qui vivent dans des logements d’une seule pièce voire vivent tout simplement dans la rue. De plus, ces derniers mois ont eu lieu en même temps divers événements qui ont encouragé les rencontres sociales et qui ont donc stimulé la propagation du virus. Premièrement, entre janvier et avril a eu lieu la Kumbh Mela, une importante fête hindoue et plus grand rassemblement de pèlerins au monde. Ceux-ci s’immergent dans des fleuves sacrés, principalement dans le Gange, pour laver leurs péchés et se délivrer du cycle des réincarnations. Deuxièmement, des élections ont eu lieu dans quatre États dans lesquels vivent 225 millions de personnes. Il faut également savoir que la deuxième quinzaine d’avril est la saison des mariages en Inde, en accord avec le calendrier des jours les plus favorables pour contracter un mariage et que tous les hindous consultent pour choisir leur jour de mariage.