Il n’existe pas d’étude scientifique qui démontre que le dioxyde de chlore soit un traitement efficace contre la covid-19
Le dioxyde de chlore n’est pas efficace contre la covid-19. De plus, il peut être nocif pour la santé
Une étude publiée en mars dernier dans la revue Molecular and Genetic Medicine affirme avoir découvert des preuves concluantes de ce que « le dioxyde de chlore est efficace en tant que traitement contre la covid-19 ». C’est FAUX : le dioxyde de chlore n’est pas efficace contre la covid-19, et il n’existe aucune preuve de cette prétendue efficacité. De plus, il peut être nocif pour la santé. L’article scientifique que vous nous avez fait parvenir n’a été publié dans aucune revue scientifique autorisée, il est erroné aussi bien sous le fond que sur la forme, ce qui fait planer le doute sur sa validité.
« Le dioxyde de chlore est efficace contre le traitement contre la covid-19. »
La prétendue revue dans laquelle a été publié ce texte s’intitule Molecular and Genetic Medicine et ce texte a également été traduit en espagnol. Dans sa version originale, un groupe de prétendus scientifiques affirme que « le dioxyde de chlore est efficace en tant que traitement contre la covid-19 » et demande « davantage de travaux de recherche » à ce sujet.
Divers organismes comme la FDA ou l’OMS (au travers de l’Organisation panaméricaine de Santé) ont déjà expliqué en de nombreuses occasions que l’ingestion de ce composé équivaudrait à boire de l’eau de Javel, car il s’agit en effet de l’un des « ingrédients actifs de certains désinfectants » et « ils ne sont pas faits pour être ingérés ». De plus, elles soulignent le fait que « l’ingestion ou l’inhalation de ces produits pourraient occasionner de graves effets secondaires ».
Par ailleurs, ce texte a été publié dans une revue que l’on qualifie de prédatrice, c’est-à-dire qu’elle ne fait pas partie de la liste officielle des publications scientifiques valides qui sont reconnues dans le monde. Pour figurer dans cette liste, une revue doit garantir la révision par des pairs (peer-review en anglais), qui consiste en une analyse préalable effectuée par des scientifiques indépendants qui valident ces résultats. En d’autres mots, il n’existe aucune garantie de fiabilité quant aux prétendus résultats décrits dans le document, dans la mesure où ils n’ont pas été révisés au préalable.
Erreurs de contenu et de forme
L’absence de révision explique également les erreurs de forme, comme dans le cas des références bibliographiques. La première de ces références est tout simplement une page Internet qui n’apparaît pas non plus dans la liste des publications scientifiques validées par la communauté. Cette page s’intitule Naturalnews, et elle affirme également que le dioxyde de chlore a montré une « efficacité de 100 % » en tant que traitement contre la covid-19, mais elle non plus ne fait pas la moindre référence à une source fiable. La deuxième référence est un autre lien, dont le nom n’est pas donné – le document contient d’autres liens de ce type – et qui renvoie vers un communiqué publié en 2004 par les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies. Ce document avertit justement du fait que le dioxyde de chlore est une substance toxique. Dans les études scientifiques fiables, les références concernent toujours d’autres publications ou études scientifiques, et non des pages Internet ou des documents non validés.
Les auteurs de cette prétendue étude ne présentent pas non plus leur trajectoire scientifique. La personne qui prétend diriger le projet s'appelle Eduardo Insignares-Carrione, membre du centre LVWG (Liechtensteiner Verein für Wissenschaft und Gesundheit) au Liechtenstein. Il s’agit d’un organisme dont la spécialisation, selon son propre site Internet, concerne la « médecine naturelle holistique », à savoir une approximation de la médecine naturelle qui traite « l’ensemble de la personne, et non seulement le mal ou la maladie » et qui, compte tenu de son caractère naturel (la médecine holistique en général peut aussi faire partie de la médecine conventionnelle) figure parmi ce que l’on appelle les médecines alternatives, c’est-à-dire qu’elles n’ont pas été validées par la méthode scientifique. De plus, le chercheur n’a pas publié d’autres études scientifiques relatives au dioxyde de chlore, à quelque autre composé ou quelque autre domaine médical que ce soit.